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Retour vers le sauvage

Une actualité de Anthony G.
Publié le 14/06/2021
Aujourd’hui, le constat est malheureux mais sans appel : à mesure que la civilisation industrielle et technologique progresse, la vie sauvage recule et perd ses droits. Comme par la conséquence d’un réflexe coupable et d’une sincère inquiétude vis-à-vis de ce qui se meurt lentement, le sauvage redevient alors un sujet de réflexion écologique et philosophique et fascine à nouveau comme il a tant fasciné jadis.
«  Ils représentaient encore 85 % de la planète il y a un siècle. Les espaces sauvages, terres et mers préservées par l’expansion humaine et l’exploitation des ressources naturelles, ont fondu et représentent aujourd’hui 23% de la Terre », selon un article publié en 2018 dans la revue Nature. Tout aussi alarmant : entre 1970 et 2016, 68% de la faune sauvage a disparu, selon la WWF. Son directeur mondial Marco Lambertini résume : « Nous assistons à la destruction de la nature par l’humanité. » Pour celle-ci, à peu près la seule espèce à ne pas voir sa population décliner, tout est exploitable et ce qui n’est pas encore exploité vit une forme de sursis. 

Cette extinction en cours du sauvage explique, sans doute et paradoxalement, sa résurgence dans le monde intellectuel et éditorial. Ce retour sur le devant de la scène s’effectue par trois portes.

La première, c’est celle de la pensée et de la réflexion - de la philosophie, pourrait-on dire. De Baptiste Morizot à Vinciane Despret en passant par Joëlle Zask et Vincent Cochet, tous nous invitent à repenser notre rapport et notre coexistence avec le sauvage. Dans cette mouvance, de plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’un réensauvagement - à la fois des terres et des esprits. La seconde, c’est celle de l’observation et de la description des mondes sauvages. Des naturalistes d’un genre nouveau partent ainsi en « mission diplomatique au cœur du monde sauvage », selon l’expression consacrée par la merveilleuse collection « Mondes sauvages » d’Actes Sud. Le regard posé sur ces espèces vivantes négligées ou malmenées permet, de fait, une meilleure compréhension de ce qui nous rassemble, nous éloigne et surtout de ce que l’on doit apprendre d’elles. La troisième, enfin, c’est celle du récit de l’expérience de la vie sauvage. Une vie loin des Hommes, « coupé de tout », en harmonie avec la nature et/ou en conflit avec un milieu hostile… vous en rêvez ? Ils la vivent et/ou la racontent. Depuis Henry David Thoreau, un des précurseurs de la décroissance, nombreux sont les adeptes du retour à la vie sauvage. « Vraie vie » pour les uns ou simple expérience d’apprentissage pour les autres, en se confrontant physiquement au sauvage et en décrivant les difficultés et les plaisirs rencontrés, tous interrogent, à leur manière, la part de sauvage qui est en l’Homme et sa cohabitation avec les autres espèces.

Alors, qu’est-ce que le sauvage ? Comment (et pourquoi) préserver le sauvage ? Que faire face à une bête sauvage ? Et nous, qu’avons nous fait de la part de sauvage qui est en nous ? Plus qu'une tendance, le retour du sauvage est-il l'annonce d'un futur plus radieux pour le vivant ? Et qu'est-ce qu'un retour vers le sauvage, si ce n'est un retour aux sources et à l'équilibre global ? Voici les questions, parmi d’autres, qui parcourent ce dossier ayant pour objectif d’accompagner le retour du sauvage dans le monde des idées et des livres.

« Sauvage est la proximité du sacré », disait le poète Friedrich Hölderlin.

Penser le sauvage : première approche

Penser le sauvage : pour aller plus loin

Observations et descriptions des mondes sauvages : la faune

Observations et descriptions des mondes sauvages : la flore

L'expérience de la vie sauvage : en fiction

L'expérience de la vie sauvage : en non-fiction

L'expérience de la vie sauvage : pour les plus (ou moins) jeunes