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"Du profit et des hommes..."

Publié le 29/06/2004
A l'occasion de la 10ème Université du CECA : «Du profit et des hommes, quelles perspectives" qui se tient du 1 au 6 juillet 2004 à Bordeaux, nous vous proposons quelques repères bibliographiques pour approfondir les sujets abordés pendant ces trois jours.

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I - Utiliser le langage pour désamorcer les conflits.

C'est bien l'idée de Marshall Rosenberg dans Les mots sont des fenètres
Formé à la psychothérapie psychanalytique, mais prenant ses distances avec elle,et s'appuyant sur l'idée que « tout jugement que chacun porte sur les autres est en fait une expression tragique de besoins non satisfaits...», il défend une communication basée sur l'empathie et source de qualité relationnelle entre les personnes.

Mais, élargissant le propos, le conflit peut pourtant dégénérer en crise. Comment gérer alors la communication : C'est le thème de La nouvelle communication de crise de Michèle Gabay : Quelle stratégie adopter lors d'évènements graves du style naufrage de l'Erika, vache folle, boycott de Danone ?

C'est aussi le souci de l'ouvrage de Christophe Roux-Dufort Gérer et décider en situation de crise. A l'aide d'exemples très actuels (affaire Enron, AZF, …) l'auteur propose une série d'outils d'analyse et d'intervention avant, pendant et après la crise.

Pour recentrer notre réflexion sur l'entreprise, Hubert Landier et Daniel Labbé abordent, dans Prévenir et gérer les conflits sociaux dans l'entreprise le conflit employé-direction sous l'angle de la prévention et de la gestion pratique des crises sociales. Pour la psychologue Françoise Kourilsky-Belliard, dans Du désir au plaisir de changer, cette prévention du conflit doit s'appuyer avant tout sur la qualité de la communication et des interactions humaines : Il faut abandonner les rapports de force contre-productifs et utiliser, plutôt que combattre, les ressources des résistances et les compétences des défauts (un peu comme comme le navigateur utilisant les vents contraires pour faire avancer son bateau).

 

II - Ethique et management ou Comment retrouver du sens à sa vie professionnelle ?

Pour mieux cerner la personalité des deux intervenants, on lira avec intérêt l'ouvrage d'André Comte-Sponville Le capitalisme est-il moral ? qui donne une vision très claire de l'entreprise capitaliste face à la morale, dans sa définition philosophique. De même celui de Hugues Minguet, moine bénédictin, L'éthique ou le chaos, qui, avec Jean-Loup Dherse, ancien vice-président de la Banque mondiale, nous donne des analyses contrastées du sens de la vie.

Parler d'éthique dans l'entreprise, pourquoi ? Dans L'éthique d'entreprise à la croisée des chemins, le groupe ESC Rouen présente de façon épurée les fondements et la nature des politiques d'éthique d'entreprise, en discernant l'éthique courant de recherche et l'éthique outil de gestion, sans oublier de situer le phénomène dans l'histoire de la philosophie morale.

La sociologue Anne Salmon propose dans Ethique et ordre économique une analyse évolutioniste selon laquelle la pensée éthique en entreprise ne trouve plus ses racines dans les les sphères culturelles ou religieuses mais dans sa propre culture économique ; et de parler d'économisation de l'éthique...

Dans L'impossible éthique des entreprises , les auteurs vont plus loin : l'éthique est devenue source de profit, argumentation publicitaire, élément de manipulation. Il est temps de rechercher une éthique plus authentique si l'on veut éviter les dérives qui guettent l'entreprise.

Jean-François Claude dans L'éthique au service du management, se propose peut-être de réconcilier tout le monde en répondant en écho : Et si le problème était plus de permettre aux collaborateurs de construire leur développement personnel, pour faire émerger les richesses de chacun au bénéfice de tous...et de l'entreprise en particulier ?  

 

III - Le travail en question...ou  Comment retrouver du plaisir dans son travail ?

Une logique du plaisir ! C'est le sous-titre du livre de Daniel Latrobe Gérer efficacement son temps et ses priorités. Devenir financier de son temps plutôt que son comptable, mieux cerner ses priorités, en misant en permanence sur la valeur ajoutée, optimiser ses délégations grâce à des repères sûrs : 200 conseils pour avoir une culture du temps qui combine rigueur et plaisir, et être logique avec soi-même.

Développement de soi, développement durable, c'est le sens du scénario que nous proposent Serge Perez et Eric Piétrac avec Entreprises-Salariés : une autre idée de la relation. Pour fidéliser les collaborateurs de l'entreprise, il faut tranformer le rapport de forces actuel en logique d'alliance raisonnée. Face à la guerre des talents qui se profile dans les années à venir, ils proposent des outils pour mettre en oeuvre cette "autre idée de la relation"...

On est proche également de la conclusion de Michel Godet dans Le choc de 2006 : Celui-ci, partant du prochain choc démographique et des bouleversements qui vont en résulter, affirme que la croissance n'est pas une fin en soi.

Mais s'il fallait un coup de coeur final à ce tour d'horizon bibliographique, je le donnerais à Manfred Mack pour Pleine valeur, qui partant de la théorie bien connue "Le tout est plus important que la somme des parties" nous suggère une nouvelle logique selon laquelle au lieu de s'affronter dans un jeu où chacun défend ses intérêts, il faut établir un quantum de valeurs aussi large que possible, que l'on se partagera ensuite selon des règles prédéfinies. Une thèse très proche de celle énnoncée, en macroéconomie, par trois spécialistes du PNUD dans Les biens publics mondiaux (Voir le coup de coeur / Economie sur ce titre).

Alors l'éthique dans l'entreprise, utopie ou nécessité ?

Jean-Paul Lafaysse

Bibliographie